Rencontre avec Jean-Luc Moudenc

MAIRE DE LA VILLE DE TOULOUSE ET PRÉSIDENT DE TOULOUSE MÉTROPOLE

Dans un climat inflationniste difficile à subir pour l’ensemble des forces urbanistiques métropolitaines françaises, nous échangeons avec Jean-Luc Moudenc, afin d’aborder l’attractivité toujours aussi importante de la capitale occitane et ses enjeux tant politiques qu’économiques pour l’accueil et le confort de tous ses riverains.

Tout d’abord et pour introduction, est-ce que l’urbanisation de la ville de Toulouse est celle que vous aviez en vue en 2014 lors de votre prise de mandat à la ville ? Autrement dit, avez-vous pu récupérer vos ambitions ?

Pour modifier réellement la physionomie d’une ville, il faut compter entre 15 et 25 ans. Or, le maire et l’équipe municipale sont élus pour un mandat de 6 ans.

Notre souci, depuis 2014, a été de continuer le développement de Toulouse, pour accueillir l’afflux record de nouveaux habitants que nous connaissons depuis le début du siècle, tout en mettant l’accent sur la qualité de la vie.

C’est pourquoi, nous avons choisi d’aborder la question par le prisme de la proximité : rendre la vie de quartier plus agréable, plus pratique et plus sécurisante pour nos concitoyens.

Ainsi, depuis 2014, en travaillant quartier par quartier, commune par commune, nous parvenons progressivement à insuffler cette tendance vers des aménagements prévoyant davantage de services utiles au quotidien, davantage d’espaces verts et de convivialité, par exemple.

Mon Patrimoine Neuf

 Ne pensez-vous pas que l’urbanisation par la hauteur et hors quartiers concertés soit possible ?

L’ « urbanisation par la hauteur » est évidemment possible, mais mérite d’être étudiée au cas par cas, en fonction du quartier, de son identité architecturale et de sa densité. Elle peut d’ailleurs être vue comme une opportunité d’aménager ou de conserver des espaces de nature préservée en ville.

À quelques exceptions près, à Toulouse et dans notre Métropole, nous restons attachés à limiter les hauteurs de nos constructions et la surélévation des constructions existantes. Ce type d’urbanisation constitue pourtant une des conséquences pressenties de l’obligation de Zéro Artificialisation Nette des sols, visant à lutter contre l’étalement urbain et les constructions dites « diffuses » qui détruisent les habitats naturels et les continuités écologiques indispensables à la faune sauvage et à la préservation de la biodiversité.

 Quels sont les projets d’urbanisation de la ville de Toulouse dont vous êtes le plus fier aujourd’hui ?

Avant même mon premier mandat de maire, comme adjoint à l’urbanisme, j’ai toujours porté une attention particulière à l’expansion et à la rénovation urbaine.

Améliorer le confort de vie des habitants, y compris dans les quartiers prioritaires, me semble devoir être une priorité. Il est de notre devoir d’élu de lutter contre le sentiment d’abandon dans certains quartiers.

Parmi les projets réalisés et dont je suis le plus fier, je citerais par exemple Borderouge Sud, qui allie modernité architecturale et confort d’habitat, tout en offrant à ses habitants des services de qualité pour le quotidien, des espaces verts, des équipements culturels ou associatifs et des commerces adaptés à leurs besoins.

Je citerais également les exemples du site Job, aux Sept Deniers ou d’Empalot. En variant l’offre de logement pour que chacun puisse y mener son propre projet résidentiel, en améliorant la desserte en transports en commun pour relier le quartier aux quartiers voisins et à l’ensemble de la Métropole, en proposant un environnement plus végétal, plus soigné et des animations variées pour toutes les générations, nous avons donné à Empalot un souffle nouveau. Et nous poursuivons en ce sens, puisque les habitants profiteront bientôt d’un accès direct à l’île du Ramier, véritable poumon vert, grâce à la construction d’une passerelle dédiée aux déplacements à pied ou à vélo.

 Je vous ai souvent entendu parler d’habitabilité et de confort de vie dans les logements. Quelle est votre position aujourd’hui sur le rapport coût / construction / confort ? Et pensez-vous que la dernière norme environnementale RE2020 soit une solution ?

Dans les ZAC, les Zones d’Aménagement Concertées, notamment celles réalisées sous la maîtrise d’ouvrage d’Oppidéa par exemple, nous avons anticipé cette nouvelle norme RE2020.

C’est pour nous un élément essentiel permettant d’assurer aux habitants de la Métropole une offre de logement et des constructions certes plus coûteuses, mais plus qualitatives répondant aux attentes nouvelles des habitants : moins gourmandes en énergies, plus adaptées au défi climatique, plus confortables et fonctionnelles au quotidien.

Mon Patrimoine Neuf

 Nous abordons le sujet épineux de cette interview : comment faire pour allier constructeurs et riverains ?

Pour faire coïncider les projets proposés par les constructeurs avec les attentes des riverains, nous accentuons les séquences d’échanges préalables.

Nous renforçons, d’une part, la phase de pédagogie en amont, auprès des constructeurs, afin de s’assurer que le projet prévoie bien de laisser davantage de place à la nature en ville et qu’il tienne compte des typicités du quartier.

Nous systématisons, d’autre part, les occasions de concertation et de participation afin que les riverains puissent prendre part aux projets.

Enfin, nous dévoilerons prochainement “les Cahiers toulousains”, un référentiel destiné notamment aux constructeurs et aménageurs du territoire pour les guider vers des propositions architecturales et urbanistiques en adéquation avec nos attentes et celles des habitants.

 Dans ce cas, ne devrait-on pas plafonner le prix du foncier ?

Certaines opérations excessives peuvent en effet poser la question de la régulation nécessaire d’une part du marché, notamment pour les opérations à but social. L’EPFL, l’Établissement Public Foncier Local, sera amené à préempter certains biens afin d’accompagner le renouvellement urbain et de garantir une plus grande mixité sociale sur certains quartiers.

De telles interventions sont possibles et peuvent donner lieu à des cessions en Bail Réel Solidaire – BRS. Un dispositif permettant aux ménages qui restent locataires du terrain, de devenir propriétaires de leur logement, mais à moindre coût.

C’est ce que nous prévoyons par exemple au 36 rue Roquelaine, où Toulouse Métropole Habitat envisage une opération exemplaire de logements via des BRS ainsi qu’une crèche d’une trentaine de places.

Toutefois, si ce genre de situations venait à se multiplier, une réflexion plus globale ne serait peut-être pas à exclure.

 Quel règlement d’urbanisation pour accorder tout le monde ? Quelles sont les erreurs à ne pas commettre dans le nouveau PLUiH ?

Je parlerais plutôt de points à améliorer. C’est un équilibre subtil à trouver entre la possibilité de continuer à construire de nouveaux logements, à préserver l’environnement et à protéger le patrimoine existant.

Le PLUiH se doit d’être un outil qui porte aussi notre ambition de rafraîchissement des villes et de sobriété énergétique.

Nous l’avions pensé ainsi et nous travaillons à ce que le prochain document respecte également ces priorités et qu’il réussisse la convergence des 37 maires de la Métropole, comme le premier PLUiH.

 Que diriez-vous aux investisseurs souhaitant porter leurs finances sur le sol si attractif de l’aire urbaine toulousaine ?

L’attractivité de Toulouse Métropole résulte d’une formidable dynamique économique et d’une vitalité en termes d’emploi qui constituent un véritable atout pour les habitants de notre territoire et des territoires voisins.

Pour que ce dynamisme et le développement urbain qu’il induit n’altèrent pas la qualité de vie et que chacun se plaise à vivre dans son quartier, nous souhaitons associer les investisseurs à la déclinaison de notre projet urbain. Leur expérience viendra, à n’en pas douter, enrichir la mise oeuvre de nos “Cahiers toulousains”, secteur par secteur. C’est pourquoi nous comptons sur leur contribution.

Vous avez un projet immobilier ?

Parlons-en dès maintenant !